De plus en plus de fillettes de 8 ans deviennent pubères. C’est un constat effectué dans plusieurs pays d’Europe, depuis les années 1990. De 1850 à 1950, la puberté des filles était passée de 17 à 13 ans. Les raisons : amélioration des conditions d’alimentation et d’hygiène. Puis, depuis les années 1990, l’âge des premières règles recommence à diminuer.
Des chercheurs danois ont étudié des cohortes de milliers d’écolières danoises depuis des décennies. Ils ont noté qu’en 1991, l’apparition des seins était à 10,9 ans en moyenne. En 2006, l’âge est passé à 9,9 ans.
On définit la puberté précoce chez les filles avec l’apparition des seins avant l’âge de 8 ans et chez les garçons avec l’augmentation du volume testiculaire avant 9 ans. Elle est beaucoup plus fréquente chez les filles que chez les garçons
Le magazine de santé 36.9, de la télévision Suisse RTS consacre un numéro à la puberté précoce. Vous trouverez ci dessous des informations issues de ce reportage très clair.
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Les mécanismes physiologiques de la puberté
L’hypophyse, la glande maitresse des hormones située à la base du crâne, produit les hormones FSH-LH qui envoient des messages aux ovaires. Les ovaires vont alors produire des hormones féminines comme les estrogènes. Elles vont faire augmenter la glande mammaire. L’utérus va aussi grandir.
Les enfants qui ont des signes pubertaires avant l’âge de 8 ans vont passer une batterie d’examens. Ils permettront de déterminer s’il s’agit d’une puberté précoce centrale idiopathique, c’est-à-dire sans raison apparente. Un IRM permettra de vérifier si une tumeur au niveau de l’hypophyse pourrait provoquer un début de puberté. C’est assez rare. Autres examens : radiographie du poignet pour calculer l’âge osseux, prise de sang pour constater le niveau des estrogènes, échographie de l’utérus.
Un traitement hormonal peut être proposé pour freiner la puberté. Ses effets porteront sur une diminution de la glande mammaire, un arrêt de la progression de la pilosité, un arrêt des signes d’humeurs liés à la puberté. Ce traitement n’est pas systématique : il est proposé surtout pour les enfants en dessous de 8 ans, et ceux qui ont un risque pour leur croissance et leur taille.
Pesticides, phtatales et autres perturbateurs endocriniens en cause
Le professeur Charles Sultan, chef de service endocrinologie pédiatrique au CHU de Montpellier est un des premiers à avoir alerté sur ces pubertés précoces. Ses études vont dans le même sens que celles des équipes de chercheurs danois.
Une fois les facteurs génétiques et nutritionnels écartés, restent les causes environnementales. En 20 ans, les cas de précocité pubertaire qu’il prend en charge au CHU Montpellier sont devenus 5 fois plus nombreux. Montpellier serait une zone à risque, coincée entre l’épandage des produits anti moustique en Camargue et les pesticides utilisés dans les vignobles, la culture du blé et du maïs.
Il explique la différence entre deux formes de pubertés précoces :
Puberté précoce centrale déclenché par l’hypophyse : seins, pilosité, utérus se transforment avant l’âge de 8 ans. 18 mois plus tard, les règles arrivent.
Puberté précoce périphérique : les seins ou les poils apparaissent, mais les règles arriveront bien plus tard.
Dans les deux cas, les spécialistes pointent du doigt les perturbateurs endocriniens. Ce facteur environnemental est en cause dans 80% des cas de puberté précoce périphérique, et dans 75% des cas de puberté précoce centrale, selon le Professeur Sultan.
Lors d’une étude menée à Copenhague, tous les écoliers testés avaient des phtalates dans leurs urines. La présence de ce perturbateur endocrinien est associée à une forte croissance prématurée de la poitrine et, plus tard, à l’ apparition de poils pubiens.
Dans une autre étude également danoise effectuée sur 2 groupes de femmes enceintes, seules celles en contact avec des pesticides dans leur profession (jardinerie, serre) ont eu des cas de puberté précoce chez leurs filles.
Pour aller plus loin sur le sujet des perturbateurs endocriniens,
« J’évacue les perturbateurs endocriniens, c’est parti ! » édition Jouvence 2018
« Perturbateurs endocriniens, une bombe à retardement pour nos enfants », édition Larousse 2017.